« Le laboratoire central de Robert Pinget » présente quelques-uns des nombreux textes non publiés de Robert Pinget (1919-1997) conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. L’article s’appuie sur des extraits de chutes de Mahu ou le matériau, le premier roman publié de Robert Pinget en 1952, de « Fonfon », une nouvelle refondue dans Passacaille (1969), et d’un texte inclassable intitulé « Messire Jonas » écrit au début des années cinquante. Il s’agit de proposer des pistes méthodologiques d’étude et d’organisation de ces textes et documents, placés en relation avec l’œuvre publiée de l’auteur. L’approche choisie vise à reconstituer quelques constituants fondamentaux du geste esthétique de Robert Pinget, parmi lesquels l’inachèvement, l’effacement et diverses procédures de négociation. Cet article s’inscrit dans les recherches menées par Anne Herschberg Pierrot sur le style de genèse.
Le 19 juillet 1919, naît à Genève Robert Pinget, premier des quatre enfants de Blanche Montant et d’Emile Pinget, assureur, dans un immeuble que se partagent trois familles de cousins totalisant dix sept enfants. Depuis l’enfance, il dessine, peint et griffonne. A onze ans, il apprend le violoncelle. L’été, il passe ses vacances alternativement en Suisse et en France, au bord du lac Léman et dans les Alpes du Chablais qui lui fourniront le pseudonyme Chalune sous lequel il publie son premier ouvrage, un recueil de poèmes intitulé A Sainte Nitouche. Après la guerre, s’ajoute un autre lieu de vacances, Agay, sur la côte méditerranéenne, dont Pinget se souviendra pour le toponyme d’Agapa.
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